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GRAM Groupe de Recherches Archéologiques de la Mayenne

LE DOLMEN DE CUISSE 72800 LE LUDE

31 Janvier 2022 , Rédigé par Groupe de Recherches Archéologiques de Mayenne

Localisation :

 

47°37’44 ‘’ N – 0°12’10’’ E  ( prise au GPS )

 

Description :

Situé sur les terres de la ferme de Cuissé  ( Propriétaire : L.J. de Nicolaÿ – Le Lude ) , il s’agit d’un dolmen ruiné dont 5 éléments sont encore visibles :

- une dalle de grandes dimensions , grossièrement trapézoïdale isocèle  , mesurant 2m40 dans sa plus grande dimension , 1m40 pour le petit côté , 2m10 pour le grand côté , 0m60 à 0m80 d’épaisseur . Il pourrait s’agir d’une dalle de couverture .

- 3 blocs côté sud , de taille décroissante , grossièrement parallèles , le premier  , le plus grand , encore debout , pouvant évoquer un orthostate ou une dalle de chevet , de  largeur 1m40 pour 0m60 d’épaisseur , dépassant du sol d’environ 0m80 . Le second  est légèrement plus petit :  largeur 1m pour 0m40 d’épaisseur , dépassant du sol de 40 cm , le troisième encore plus petit : 0m80 de large pour 0m30 d’épaisseur , dépassant du sol de 20 cm .

L’orientation globale de ces 3 pierres est approximativement de 100 ° E ce qui pourrait correspondre à l’orientation de la chambre funéraire dont on sait que , pour notre région , elle «  ouvraient » généralement vers l’est .

Le 5e bloc  est situé côté sud , il s’agit d’une dalle  grossièrement carrée d’environ 1m50 / 1m50 / 0m50 d’épaisseur .

On retrouve en 1834 dans l’ouvrage de Thomas Cauvin : « Essai sur la statistique du département de la Sarthe » la description suivante : « dolmen renversé ; table : longueur 8 pieds ; plus grande largeur : 7 ; plus petite :  5 ; elle s’appuie à l’un des supports , haut de 4 pieds , leur nombre est de 5 ou de 4 si l’une des pierres servait de crédence. » 

Il est à noter que sur un mémoire de J.L.Destable en 1975  , il est cité : « LE LUDE : (  Ledru, p.l 17 ; Verdier, p.86) 8- Dolmen de Cuisse, debout en 1928, aujourd'hui d'une masse informe. »

Enfin , sans précision de date , la tradition locale veut que lorsque la ligne de chemin de fer Le Lude – Château du Loir était encore en activité , un passager ait assisté depuis le train , à la tentative de démolition d’un dolmen . Arrivé au Lude , il aurait signalé ce fait à la gendarmerie , qui serait rapidement intervenue * .  Mythe ou réalité ? On ne peut pas dire que ce que l’on voit aujourd’hui soit très différent de ce que décrit Th.Cauvin en 1834 .

L’acte de vandalisme cité plus haut serait-il survenu postérieurement à 1928 , puisque la « crédence » était décrite comme appuyée sur l’un des supports , ce qui n’est plus le cas à l’heure actuelle ?

 

Le plan est schématiquement le suivant :

 

 

Vue depuis le côté Nord . ( photo M.Ravoisier )

On remarque l’existence d’une légère surélévation du sol à l’emplacement du monument , qui pourrait témoigner de la persistance d’une partie du cairn dolménique .

Les restes , en nombre peu important , évoquent plutôt un « dolmen simple » , avec une dalle de couverture et un nombre restreint d’orthostates ( 3 à 4 ) .

Le matériau est  un grès très  résistant à grain fin , probablement éocène , très voisin sinon identique au  grès qui à été utilisé pour la construction du dolmen du Colombier à Aubigné – Racan .

Ce type de roche , d’origine sédimentaire , est  présent non loin du monument  sur le haut des côteaux surplombant la vallée du loir et il est loin d’être rare dans un rayon  limité à quelques kilomètres ( ex. : grès des carrières du lieu-dit Mozé sur la commune des Cartes ) . A signaler , le dépôt de nombreuses «  caillasses » : grès de même nature , poudingue , jetées en vrac sur le monument et provenant  – comme il est fréquent- de l’épierrage du champ situé tout autour .

 

Commentaire :

Si indéniablement cette structure est très ruinée , quelques indices pourraient susciter l’intérêt d’une recherche archéologique :

- la présence possible d’un reste de cairn .

- si la structure est en mauvais état , ce n’est peut-être pas aussi catastrophique qu’il y paraît : Un des orthostates paraît encore en place . Le vandalisme des années 1920-30 n’aurait peut être pas été aussi destructeur qu’on pouvait le redouter car l’état actuel est somme toute peu différent de  la description de Th.Cauvin en 1834 . Par ailleurs , si des «  prélèvements » de matériel ont vraisemblablement été effectués de façon inopinée au cours des siècles , on ne trouve nulle part trace de fouilles au cours du XIXe siècle dont on sait combien , réalisées sans ordre ni méthode pour la plupart , avec des moyens expéditifs , elles pouvaient être destructrices en termes d’information archéologique .

On peut supposer que la présence au sol d’une dalle de couverture assez imposante aurait peut être ainsi  préservé au moins en partie , la chambre funéraire et son contenu ?

Enfin , il est à souligner que les cultures de notre époque sont plus respectueuses du monument que celles du temps jadis puisque les traces d’engins agricoles  n’approchent pas à moins de 5 m du périmètre de la structure .

 

Les 3 blocs côté Sud : le premier à droite est peut être un orthostate encore en place . En arrière plan , la ferme des Houlas ( Photo M.Ravoisier )

 

 

M.Ravoisier

 

Bibliographie :

Cartes IGN – topographique au 1/25.000 : 1721 E Château la Vallière

- géologique 1/50.000 disponible sur «  Géoportail »

Th.Cauvin : « Essai sur la statistique du département de la Sarthe » , Monnoyer , Le Mans , 1834 .

J.L.Destable : «  la vallée du Loir , des origines au XVIe siècle », 1975

M.Ravoisier , Ch.Poussin : «  le dolmen du Colombier à Aubigné Racan  », 2020, blog du GRAM

* J.Bellanger : «  A la recherche du Lude ancien » 1988 : il semblerait que ce signalement ait été le fait de G.Denizot  , qui le signale comme tel dans son article : «  et je me suis efforcé , l’an passé , d’interrompre sa complète destruction . » effectivement , l’article date de 1929 , ce qui correspond bien à la tentative signalée comme ayant eu lieu en 1928 .

Denizot, G. (1929). Les emplacements préhistoriques des vals du Loir. Bulletin de la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendômois, 68, 89-138.

 

 

 

 

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